Soldes
Quand on marche en ville, il est difficile d’ignorer les vitrines. Surtout si elles descendent dans la rue même.
La jeune femme détourne la tête et vérifie : ses collants bleus ont l’air de se détacher directement de la vitre du magasin, de cet amas de traits cobalt autour de « soldes ». Par ailleurs, ces traits forment comme une chevelure excentrique au-dessus d’un visage pâle : les anses des sacs signés agnès b. évoquent des paupières baissées et un petit nez. Trois lampes blanches y mettent de la lumière - je ne pense pas qu’il s’agisse de bigoudis.
Trois cintres blancs sont accrochés à l’une des portes-fenêtres du Vestiaire. On dirait qu’un manteau vient de se libérer d’un d’eux. Il est taillé dans la matière rouge magnolia de l’établissement. Il entre encore dans le dernier cadre sombre de la devanture mais, en bas noirs, il s’en va. La silhouette emporte avec elle ses couleurs d’origine.
Les mollets bleus s’en vont dans le même sens. Seule la mèche dorée dans le dos de la jeune femme amène un flottement de doute sur cette histoire.
Sales
When walking around town, it is hard to ignore the shop windows. Especially if they go down into the street itself.
The girl turns her head to check: her blue tights seem to break directly away from the shop window, from the smudge of cobalt strokes around the word “soldes” (“sale now on”). What’s more, these strokes form a kind of quirky hairdo above a pale face: the handles of the bags by agnès b. are reminiscent of downcast eyes and a little nose. Three white lamps bring in light – I don’t think that they are curlers.
Three white coat hangers are hanging on one of the Vestiaire restaurant’s door windows (“Vestiaire” meaning “cloakroom”). It looks as if a coat has just been released from one of them. It is cut in the same red magnolia as the establishment. It still fits into the last dark square of the restaurant front but slips away in black stockings. The figure takes its original colours with it.
The blue calves head off in the same direction. Only the golden lock of hair on the girl’s back brings a flutter of doubt on this story.