Un match

Je regardais discrètement par la fenêtre et je me posais la question sur cette fantaisie qui, à mon sens, manquait de cohérence mais était bel et bien colorée : dans la rue, sur un trottoir, il y avait des mandariniers, sur celui opposé, des arbres à fleurs violettes.

D’un pas résolu, une femme en maillot orange est entrée sur le terrain et a marqué un avantage pour les mandarines. La réponse des violets ne s’est fait pas attendre. Là où la dame a disparu, est apparu un homme à chemise franchement améthyste et a remonté la pente avec son panier de marché. Un match nul et guère d’indices pour moi. Dans les gradins, derrière les plantes d’intérieur, un sentiment d’un flou net ne m’a pas quitté.

Plus tard, on m’a dit que par cette rue passait la frontière entre deux quartiers de la ville.

Malgosia Magrys. Street photography BARCELONA_Match a / Documentary photography

Malgosia Magrys. Street photography BARCELONA_Match b / Documentary photography

 

A match

I was quietly looking out of the window, musing about the fanciful – but to my mind incoherent – situation that was nonetheless undeniably colourful: in the street there were mandarin trees on one pavement and trees with violet-coloured flowers on the other.

With a determined stride, a woman in an orange jersey entered the pitch and scored an advantage for the mandarins. The violets were quick to reply. Where the lady had been sent off, appeared a man in a blatantly amethyst shirt who got back on track with his shopping basket. It was a draw with few clues for me. In the stands, behind the houseplants, a sense of soft focus never left me.

Later I was told that this road marks the boundary between two of the city’s districts.